Il n'y a pas de réussite sans échec. L'itinéraire dénué d'errance n'existe pas, et la soif de perfection enferme dans le piège de l'impossible.
Rater son coup semble si humiliant que notre orgueil pique un fard et se drape dans sa dignité. Mais une voix venue du fond de notre intuition tente de se frayer un chemin à travers les mille excuses que nous nous accordons et nous murmure comment cet échec, pour cuisant qu'il soit, pourra nous être utile par la suite, comment ce sentiment dévalorisant peut devenir garant de succès.
Accepter d'être imparfaits est la première condition de l'apprentissage. Faute d'y parvenir, nous remplaçons l'absolu par l'obsession de l'excellence, et même si cette étoile est inatteignable, c'est elle qui nous sert de guide. Nous avons besoin de ces repères qui, reliés entre eux, dessinent l'horizon de nos rêves.
Apprendre est rarement une ligne droite. Le plus court chemin vers le but, c'est de ne pas y aller. Renoncer face à l'obstacle nous barre la route du succès, mais souvent nos échecs sèment les graines de nos réussites. Tous les pas sont utiles, et même les voies sans issue souvent sont importantes. Notre force consiste à les accepter comme une pièce du puzzle, à savoir que ce temps perdu gagne à être connu. Notre égo nous égare. L'humilité est un précieux cadeau qui évite bien des souffrances et nous permet de comprendre nos erreurs. A l'heure où nous nous perdons en conjectures sur notre valeur, d'autres laissent leurs états d'âme comme une pierre sur le chemin et poursuivent leur route vers la lumière.
Les conflits sont les moteurs de l'existence et l'erreur est parfois plus porteuse de sagesse que le succès. Entre les débuts du jeune patineur et le double salto arrière qui lui vaut la médaille d'or, combien de chutes, combien de hontes bues?
Tombé dix fois, il se relève onze. La perfection n'est pas au bout du chemin, le sommet, c'est encore la route. Au-delà, il reste l'envol. Le plus-que-parfait dort dans le bronze des statues, se fige dans les portraits de famille, sa pierre s'effrite, son métal se corrode. La réalité est vivante parce qu'elle est capable de devenir meilleure et qu'il lui reste du temps pour se rêver plus belle.
Il faut juste continuer, se gravir comme une montagne. Tourner la page, c'est découvrir que l'expérimentation empêche de vieillir, de stagner. Le futur se conjugue à l'imparfait pour tracer sa route. Pour avancer, peut-être faut-il accepter d'être nul?
Parfaitement!
Des lignes écrites non par un philosophe, mais par un chantre poète de notre époque, Yves Duteil, dont les pensées développées dans ce texte concernent toutes les générations, quelque soit notre route, en marche ou à l'arrêt, c'est un peu l'histoire de nos vies qui défile, ses moments de chutes et de déceptions, ses moments de réussite et de joie, et devant, la vision de nos rêves dans lesquels nous pouvons cueillir des fruits prometteurs de lendemains plus forts, plus beaux...